Écran philosophique

L’Aurore (Sunrise)

Mercredi 15 décembre 2004 à 20 h 30

par Philippe Simay, directeur de programme au Collège international de philosophie

L’Aurore (Sunrise) , de Friedrich-Wilhelm Murnau (américain - 1927 - 1 h 35)

Le premier film américain de Murnau.
Friedrich-Wilhelm Murnau est sollicité par William Fox qui a été impressionné par le précédent film du réalisateur allemand, Le Dernier des hommes. Le patron de la Fox Film Corporation lui fait signer un contrat de quatre ans et lui donne carte blache. Même s’il tourne avec des acteurs américains, le cinéaste s’entoure pour L’Aurore d’une équipe majoritairement allemande.

Récompensé par les premiers Oscars.
Lors de la première cérémonie des Oscars, le 16 mai 1929, le film de Friedrich-Wilhelm Murnau remporte plusieurs prix. L’Aurore reçoit une statuette pour sa qualité artistique (Unique and Artistic Picture). La photographie de Charles Rosher et Karl Struss est également distinguée. Quant à Janet Gaynor, elle reçoit le prix de la meilleure actrice, non seulement pour ce film, mais aussi pour ses prestations dans L’Heure suprême et Street angel, tous deux réalisés par Frank Borzage.

Cela s’appelle...
L’Aurore a pour sous sous-titre A song of two humans (littéralement « une chanson de deux humains »).

L’Aurore, l’aube du cinéma sonore
L’Aurore est un des premiers films sonores de l’Histoire du cinéma, le tout premier étant Don Juan d’ Alan Crosland, un film des studios Warner pour lequel est employé le procédé Vitaphone. En 1927, La Fox a recours pour le film de Friedrich-Wilhelm Murnau à une autre technique de son, le Movietone. La Fox fait ainsi concurrence à la Warner qui présente Le Chanteur de Jazz, le premier film parlant, également réalisé par Crosland, quelques jours seulement après la sortie de L’Aurore. Lors de la première de ce film, le 23 septembre 1927, au Times Square Theater à Manhattan, on projette deux courts-métrages (l’un sur la chorale du Vatican et l’autre sur Benito Mussolini) pour faire la démonstration des qualités du Movietone. Cette technique a pour inconvénient de déteriorer légèrement l’image, si bien que le film sort dans deux versions, l’une, sonorisée l’autre silencieuse. C’est cette dernière version qui est exploitée en Europe.

Un succès pour la Fox
Juste après Les Quatre fils, de John Ford, et L’Heure suprême de Frank Borzage (dans lequel figure déjà Janet Gaynor), L’Aurore est le film qui a engrangé le plus de bénéfices pour la Fox en 1928.

Un film-clé
L’Aurore est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands films de l’Histoire du cinéma. Ainsi, lorsqu’en 2002, la revue britannique Sight and sound demande à des critiques de citer leurs 10 films préférés, L’Aurore apparaît en septième position.

Remake
L’Aurore donnera un lieu à un remake, mis en scène en 1939 par Veit Harlan, réalisateur du tristement célèbre film de propagande nazie Le Juif Süss. La nouvelle version du film de Friedrich-Wilhelm Murnau a pour titre Die Reise nach Tilsit (Le voyage à Tilsit), comme le récit de Hermann Sudermann, dont les deux réalisateurs se sont inspirés.

Semelles de plomb
Afin de donner à George O’Brien une démarche moins naturelle et plus inquiétante, les chaussures de l’acteur ont été lestées de plomb. Cette astuce a été reprise par la suite par James Whale pour son Frankenstein, sur une idée de Boris Karloff.

Négatif original détruit
Le négatif original de L’Aurore a été détruit dans un incendie en 1937. Pour la restauration du film en 2002, des copies provenant des Cinémathèques de Paris et de Prague sont examinées, mais c’est une copie datant de 1936 qui est choisie comme base de travail.

Gaynor et Murnau, après l’Aurore
Après L’Aurore, le cinéaste fait de nouveau tourner Janet Gaynor, dans Four devils, en 1928, mais ce film de Friedrich-Wilhelm Murnau a été perdu.

Informations

Au cinéma Georges-Méliès
Centre commercial de la Croix-de-Chavaux
93100 Montreuil

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