Croire encore en la politique ? Les promesses d’une crise.
Saison 2003-2004
par Gérard Bras, directeur de recherche au Collège international de philosophie
Plusieurs éléments indiquent que nous vivons une crise de la politique. Encore faut-il s’accorder sur ce qu’ils sont, c’est-à-dire aussi sur la nature de cette crise. Mais aussi sur ce que « politique » veut dire. Vivons-nous une crise de confiance du peuple à l’endroit de ses « dirigeants » ? La croissance du taux d’abstention aux élections en serait l’indice, tout comme le vote en faveur d’une extrême droite arguant de la corruption généralisée du personnel politique. Comment croire encore à la politique si l’on n’accorde plus confiance à nos « représentants » ? En rester là, c’est accepter l’idée selon laquelle la politique est un art de gouverner les hommes, voire de bien gérer les affaires. Notre hypothèse est qu’elle touche à quelque chose de bien plus fondamental, à « l’acte par lequel un peuple est un peuple », pour reprendre la formule de Rousseau.
Peut-on encore croire en la politique ? C’est-à-dire faire le pari que le peuple puisse se constituer dans un acte qui le caractérise en son indépendance ? Comment ? Si l’on veut échapper aux difficultés dans lesquelles s’enferme une conception qui ne considère la politique que du point de vue de l’État ou du droit, la question mérite qu’on fasse effort pour la réfléchir. C’est ce à quoi veut s’attacher cet atelier, sans préjuger des réponses, sans supposer que les concepts dont nous disposons sont suffisants pour mener à bien l’entreprise. Il s’agit donc d’un atelier de « bricolage », non d’une usine à produire du prêt-à-penser standardisé. Les expériences concrètes s’éclaireront sans doute grâce aux concepts philosophiques, qu’elles permettront de rectifier. Il est donc ouvert à tous ceux qui veulent réfléchir sur l’état présent de la politique.
Gérard Bras.
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Chaque lundi, entrée libre