Let Each One Go Where He May
mercredi 9 novembre 2011 à 20 h
Film documentaire de Ben Russell (États-Unis, Surinam, 2009, 2 h 15mn)
Première projection en salle depuis sa présentation au festival du Cinéma du réel
Projection suivie d’une discussion modérée par Le Peuple qui manque avec deux figures européennes de l’anthropologie visuelle critique Alban Bensa et Johannes Fabian.
la Maison populaire et le cinéma le Méliès sont associés au programme « Hantologie des colonies » produit et coordonnée par Khiasma sur une proposition de Vincent Meessen (Normal)
Réalisé au Suriname, le film déconstruit les codes du cinéma ethnographique traditionnel en optant pour le mystère et en faisant la part belle aux éléments naturels plutôt qu’à l’analyse et au commentaire. En suivant le voyage de deux frères non identifiés, il use d’une structure narrative linéaire mais peu conventionnelle pour susciter la remémoration de faits historiques. Quittant la banlieue de Paramaribo, les frères traversent lors de leur périple « le pays », ses rivières, un village de « marrons » (esclaves en fuite) et rejouent au présent le trajet de la fuite de leurs ancêtres tentant d’échapper aux colons hollandais trois cent ans auparavant.
« L’ombre de Jaguar plane sans doute au-dessus de Let Each One Go Where He, évocation des communautés noires qui se sont constituées à l’abri de la forêt, au Suriname. Le principe est le même : la réalité humaine d’une terre se découvre à nous à travers le cheminement de deux frères. L’affiliation à Rouch est encore soulignée par l’insertion au coeur même du film du court métrage Trypps # 6, clin d’oeil à la « ciné-transe » – par le filmage en 16 mm et en longs plans-séquences caméra « à l’épaule ». Mais si pour Jean Rouch la caméra ouvre une fenêtre sur l’Autre, dans un jeu de don et de contre-don, pour Ben Russell, l’homme n’est que l’ombre de lui-même, prisonnier d’une histoire qui lui a été imposée. On ne saurait filmer une identité confisquée qu’à travers les marques de sa confiscation. Ses personnages ne se déplacent pas dans le monde réel mais sur une scène. Le premier plan, image originelle s’il en fût, est à cet égard exemplaire : plan d’ensemble, personnages au centre de l’image, dans un paysage composé d’une forêt et d’une pièce d’eau, le cadre est typique des illustrations du XIXe siècle. De l’éveil des jeunes gens à leur arrivée en ville (à leur disparition dans la cohue urbaine), nous nous déplaçons non dans le monde réel, mais à l’intérieur de catégories de la géographie humaine (la nature, la campagne, la ville, la pollution) qui structurent et codifient notre perception de la réalité – et donc aussi la prétendue spontanéité du plan rouchien. L’image aussi est une prison. Peut-on y échapper ? »
Yann Lardeau
Prochaines dates Écrans sociaux
Mercredi 25 janvier 2012
Mercredi 14 mars 2012
Mercredi 30 mai 2012
Informations
Au cinéma Georges Méliès
Centre commercial
M° Croix-de-Chavaux (ligne 9)
93100 Montreuil
La séance a lieu à 20 heures. Pour des raisons relatives à la disponibilité du film, vérifier qu’elles ont bien lieu, ainsi que l’horaire qui peut varier selon la durée de la projection, auprès du cinéma Le Méliès 01 48 58 90 13, ou de la Maison populaire de Montreuil 01 42 87 08 68.
Tarifs :
Tarif plein : 6, 50 €
Tarif réduit : 5 €
(Montreuillois, - de 18 ans, + de 60 ans, étudiants, adhérents de Renc’Art au Méliès)
Tarif carte de 10 places : 46 € (non nominative, valable 1 an)
Tarif préférentiel : 4 € (chômeurs, RSA, familles nombreuses)