Soirée multimédia

Outils libres, données personnelles et législation

vendredi 15 mai 2009 à 20 h 30

en présence d’Olivier Auber, chercheur et entrepreneur, co-fondateur du Laboratoire Culturel A+H Sarl. et de Navidis SA

Au moment où la diffusion de biens culturels en ligne et la loi Création et Internet font débat, la Maison populaire propose de s’interroger, ensemble, sur les constituants du réseau et sur les pratiques et usages d’Internet aujourd’hui.

Le Net, un bien commun

Les processus d’innovations dans le monde numérique empruntent des formes de plus en plus déroutantes et originales. En particulier, les praticiens de l’Internet apparaissent maintenant comme des acteurs très influents du développement des services et des usages des réseaux. Ils produisent les contenus de certains services auxquels ils apportent de l’attractivité et de la notoriété. Ils mêlent étroitement publication, communication et partage d’information en donnant une forme communautaire aux espaces qu’ils investissent. Ils participent activement au design, à la conception et à la réalisation de logiciels libres.
Le développement de services relationnels basés sur l’échange de contenus et les interactions entre internautes constituent un des traits majeurs de la dynamique d’usages du réseau des réseaux et une source continue d’innovations de services. Née sur le web et dans le monde du logiciel libre, cette dynamique est maintenant relayée sur d’autres supports technologiques, la téléphonie, la télévision, et dans d’autres contextes d’usage : la mobilité, la culture, l’entreprise, les jeux, etc. Elle s’appuie sur le rôle des praticiens comme co-développeurs de logiciels libres ou d’applications utilisant des interfaces de programmation (API) ouvertes, sur le caractère massivement relationnel des services qu’ils conçoivent et utilisent pour leur propres fins, et surtout sur le sens du partage et de la communauté qui fonde leur pratique.
Les services les plus rentables du Web 2.0 sont cependant investis, sans véritable concurrence, par des groupes, le plus souvent nord-américains. Et ce n’est pas faire preuve d’antiaméricanisme que de le dire. Bien que le réseau soit réputé homogène et réparti, le phénomène est centralisé à l’extrême ; toutes les données atterrissent dans des machines situées à Palo Alto ou ailleurs. Cette centralisation technique va de pair avec la concentration financière propre au capitalisme informationnel, qui considère les connaissances communes comme des sources de profit. Aujourd’hui, même Yahoo peine face à Google et ses 155 milliards de dollars de capitalisation boursière. C’est dire si, dans ce Monopoly mondial, l’économie européenne de l’Internet a déjà perdu. Nous serons digérés, à moins que nous ne décidions de changer brusquement les règles du jeu, techniques, juridiques et politiques.
Olivier Auber

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