« Y regarder à deux fois » / Jackie Raynal
vendredi 16 janvier à 20 h30
Insurgés du corps ! Art en action à l’écran
projections suivies d’une discussion
par Elisabeth Lebovici, critique d’art et rédactrice en chef du pop’lab de poptronics.
Film > Deux fois de Jackie Raynal,
(France, 1969, n/b, 1h12) avec, Francisco Viader, Oscar, Jackie Raynal.
« Y regarder à deux fois »
Deux fois (1969) c’est à la fois un manifeste du cinéma indépendant en France – celui notamment pratiqué par le groupe Zanzibar avec un système de production original, financé par Sylvina Boissonas – et l’une des plus étonnantes manifestations du corps en représentation de la fin des années 1960.
Photographe, puis monteuse de cinéma avec Jean-Luc Godard (Paris vu Par...), Eric Rohmer (La Collectionneuse) ou Jean-Daniel Pollet, Jackie Raynal fait partie du groupe Zanzibar, formé autour de 1968 avec Sylvina Boissonas, Olivier Mosset, Daniel Pommereulle, Philippe Garrel, Frédéric Pardo, Patrick Deval...La productrice donne à Jackie Raynal les moyens de tourner « deux fois des scènes en 35 mm (...) pour réaliser un journal filmé de ma rencontre avec un inconnu à Barcelone » comme l’expliquent les termes du contrat tacite. Il s’agit de travailler le cinéma comme un « après-coup » : le hasard et la spontanéité de la rencontre comme la naissance du désir ne peuvent être donnés à voir que par leur double : leur représentation.
La leçon est ici magistrale. Jackie Raynal prend également une décision cinématographique préalable : celle de ne rien « couper/coller » du matériau filmique. Le montage s’effectue « dans la caméra » et pas à la table. Les usages particuliers du panoramique, du décalage du son et de l’image, de la répétition de certains plans donnent à voir l’enregistrement d’une action en train de se faire.
Il s’agit bien du corps et de son absence, de son image fantôme qui, au cinéma, viendra toujours deux fois.
Elisabeth Lebovici
voir aussi Le Beau Vice
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