Séminaire

Ce qui force à penser...

Une lecture publique et collective de Chaosmose de Félix Guattari, éd. Galilée, Paris, coll. L’Espace critique, 1992.

La revue Chimères, fondée par Gilles Deleuze et Félix Guattari, la Maison Populaire et Mains d’œuvres proposent une lecture publique et collective de Chaosmose, un livre écrit par Félix Guattari en 1992.

Ouverte à tous, cette « lecture partagée » se déroulera au cours de la saison 2011-2012, au rythme d’un rendez-vous par mois, d’octobre 2011 à mars 2012. Il s’agit, dans un esprit de rencontre et de transversalité, de mener cette lecture ensemble et de mettre en commun nos points de vue et nos expériences. Qu’est-ce que Chaosmose met en question, qu’est-ce que cela mobilise intellectuellement et pratiquement dans nos vies et nos différents domaines ?

Le paradigme esthétique proposé par Guattari traverse tout autant le social (le soin, l’écologie de l’esprit), l’artistique (autonomisation des signes, production de sens), que le politique (réseaux, subjectivations, manières d’être ensemble). Il s’agirait donc de mettre en résonance ces trois temps de la vie, de voir comment ils s’interpénètrent et produisent de nouvelles réalités, de nouveaux territoires existentiels selon l’expression de Guattari. Nous voudrions dans ce processus faire une large place aux pratiques de terrain et provoquer des temps de rencontres transversales.

Chaque séance se fera autour de la lecture d’une trentaine de pages et sera introduite par deux invités venant de domaines différents : clinique, artistique, sociale et politique. Ces « points de vue » seront suivis d’un débat ouvert avec le public et ponctués d’interventions d’artistes.

Les échanges de chaque séance seront mis en ligne sur nos sites.
À l’issue de cette lecture, un numéro de la revue Chimères rendra compte des thématiques et débats qui auront scandé ces rencontres.

Coordination Pascale Criton avec Anne Sauvagnargues et Anne Querrien

D’octobre à décembre 2011 les mardis à Mains d’œuvres
 mardi 11 octobre de 20 h à 22 h
« De la production de subjectivité » (chap. 1 pp. 11-52)
Pascale Criton (musique), Jean-Claude Polack (psychanalyste)
Ponctuations artistiques : Seijiro Murayama, Marie Estève

 mardi 8 novembre de 20 h à 22 h
L’hétérogénèse machinique (chap. 2, pp. 53-84)
Isabelle Stengers (philosophe), Anne Sauvagnargues (philosophe)
Ponctuation artistique : Damien Schultz/Flore Garcin-Marrou

 mardi 13 décembre de 20 h à 22 h
« Métamodélisation schizoanalytique » (chap. 3, pp. 85-108)
Francesco Berardi (philosophe), Paul Brétécher / Anik Kouba (psychanalystes)
Ponctuation artistique : Thierry Madiot, Françoise Rivalland

De janvier à mars 2012 les vendredis à la Maison Populaire
 vendredi 20 janvier de 20 h à 22 h
La chaosmose schizo & L’oralité machinique et l’écologie du virtuel (chap. 4 et 5 pp 109-136)
 vendredi 17 février de 20 h à 22 h
Le nouveau paradigme esthétique (chap. 6 pp 137-163)
 vendredi 16 mars de 20 h à 22 h h
L’objet écosophique (chap. 7 pp 165-187)

Félix Guattari

À propos du paradigme esthétique

« La singularité, la finitude est quelque chose qui est au cœur de notre existence. Le problème se pose d’aller saisir la singularité de l’autre sans rentrer dans un rapport d’identification, de sujétion, et d’être là ami d’un processus possible, — un processus qui ne se réfère pas à des universaux de la subjectivité comme les complexes freudiens ou les mathèmes de l’inconscient lacanien, mais qui forge sa propre cartographie, sa propre métamodélisation, et qui permet à l’individu, suivant les situations, de reconstituer des territoires existentiels là où il était dans l’angoisse, dans la déréliction, de reforger des rapports au monde, une possibilité de vivre.

C’est une activité qui se veut non-modélisante, et qui est beaucoup plus sous l’égide d’un paradigme esthétique que d’un paradigme scientifique. Il s’agit à chaque fois, dans une cure, de forger une œuvre singulière. Les artistes sont, surtout depuis les grandes ruptures conceptuelles introduites par Marcel Duchamp, John Cage et d’autres, ceux qui travaillent sans filet, sans base, ils n’ont plus de normes transcendantes et travaillent l’énonciation même du rapport esthétique. Ils forment le noyau le plus courageux dans ce rapport de créativité, mais ils ne sont pas seuls : les enfants à l’âge de l’éveil au monde, les psychotiques, les amoureux, les gens qui sont atteints par le sida, les gens qui sont en train de mourir, etc., sont dans un rapport chaosmique au monde. Les artistes forgent des instruments, fraient des circuits pour pouvoir affronter cette dimension « Qu’est-ce que je fais là ? Qu’est-ce que c’est que cette planète ? À quoi je peux me raccrocher ? ». À rien de transcendant : tu peux te raccrocher au processus immanent de créativité.

Le paradigme esthétique, en dehors de la production d’œuvres esthétiques, est quelque chose qui travaille aussi bien la science que la pédagogie, l’urbanisme, la médecine ou la psychiatrie, parce que c’est cette méthodologie même, cette méthodologie existentielle, cette micropolitique existentielle qui est élaborée, travaillée, creusée par cette perspective esthétique. »

Felix Guattari

Informations

Entrée libre

Mains d’œuvres : 01 40 11 25 25 -
1 rue Charles Garnier 93400 Saint-Ouen - M° Porte de Clignancourt

Maison Populaire : 01 42 87 08 68 - 9 bis rue Dombasle 93100 Montreuil - M° Mairie de Montreuil

Entrée libre


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