Séminaire

Culture de la domination / Domination par la culture

mercredi 4 novembre 2009 à 20 h

Travail de la culture et culture du travail

animé par Franck Lepage, éducateur populaire, membre de la coopérative d’éducation populaire Le Pavé

L’art de vivre ensemble

par Franck Lepage

Depuis trente ans « la culture » ne parle plus de la vie réelle. La vie réelle sent la sueur, la chaîne, l’usine (qui existent toujours) et les avions-charters de Vietnamiens embauchés à rabais pour la saison du saumon dans l’agro-alimentaire breton. Interrogés récemment sur la proportion statistique d’ouvriers dans la société française, des étudiants en cinquième année la situent à 5 %... alors qu’elle est de 30 %, soit 6 300 000 ouvriers selon l’INSEE en 2008 ! La culture sert aussi à rendre invisible la classe ouvrière en n’en parlant plus. En parler serait inconvenant, dépassé, ringard…pire des sacrilèges, on voudrait « instrumenter » l’art au service du « social ». L’artiste se croit la figure du nouveau héro moderne quand il n’est que la pâle justification du travailleur nouveau : celui sur qui pèse toute la responsabilité de son emploi, l’employé free-lance qui fait rêver le patronat. Le fait que l’on n’interroge plus les rapports de travail dans les loisirs ou dans la culture est une des grandes victoires du capitalisme. Comment l’action culturelle, dans la pratique de ses agents, peut-elle maintenir l’existence d’une interrogation sur le sens du travail et des rapports sociaux qui s’y déploient ?

Pour une société qui fait collectivement le choix de l’exclusion, l’action culturelle peut conforter ce modèle plaintif et gémissant de la crise en jetant un regard apitoyé sur les exclus, ou le subvertir en proposant des modalités d’interrogation du mode de développement qui nous est proposé. La bonne question si l’on veut examiner les conditions d’une action culturelle, est de vérifier en quoi cette action permet d’élaborer une représentation conflictuelle de sa situation sociale, et de la construire en rapport de forces. L’éducation populaire pourrait être le lieu d’où l’on puisse refaire conflit sur la vie quotidienne, d’où l’on puisse rétablir des mots qui ne soient pas des concepts opérationnels de la domination mais des mots qui divisent et qui permettent à des représentations différentes de ce que les gens vivent, en bref de s’affronter ? Est-ce que l’Art ne pourrait pas être une possibilité de construire les conflits, de re-proposer des lectures divergentes des situations vécues ?

Informations

Entrée libre.

Autres rendez-vous avec Franck Lepage et le Pavé

Spectacle
 vendredi 22 janvier 2010 à 20 h
L’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu....
Inculture(s) : petits contes politiques et autres récits non-autorisés de et par Franck Lepage

 samedi 23 janvier 2010 de 15 h à 18 h
Atelier de désintoxication de la langue de bois

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