Festival Choralités
Du vendredi 7 au samedi 8 juillet 2023
Commissaires en résidence : Simona Dvorák et Tadeo Kohan
Pensé comme un prolongement de l’exposition choralités, la Maison pop propose un festival de deux jours autour de la parole collective, des langues dissidentes, du chant contestataire, de la fiction politique et de la résistance poétique. La puissance de la voix et le pouvoir des mots y sont proposés comme des matières libératrices, agissantes sur le réel et partageables avec toustes.
Imaginé par simona dvorak et tadeo kohan, commissaires en résidence avec les artistes et intervenant.e.s invité.e.s, le festival choralités invite le public dans les jardins et espaces de la Maison pop les 7 et 8 juillet, à la découverte d’un programme de performances, projections, discussions, installations sonores et ateliers participatifs.
Avec la participation de Simon Asencio, Saddie Choua et Saffina Rana, Famille.Rester.Etranger, Sirine Fattouh, Mariem Guellouz, Catherine Radosa, Leïla Saadna, Kristina Solomoukha & Paolo Codeluppi et Charwei Tsai.
Programme
vendredi 7 juillet
20 h – 22 h 30 - discussion/rencontre
Sirine Fattouh & Leïla Saadna - From Algiers to Beirut
Cette discussion-rencontre prend comme point de départ l’échange vidéo au long cours From Algiers to Beirut des artistes Sirine Fattouh et Leïla Saadna, explorant les relations politiques, historiques, intimes et familiales qu’elles entretiennent avec leurs pays respectifs (l’Algérie et le Liban) ; projection du film Dis-moi Djamila, si je meurs, comment feras-tu ? (2019) de Leïla Saadna.
Avec Sirine Fattouh, Leïla Saadna et Mariem Guellouz (sociolinguiste et performeuse, travaillant autour des pratiques langagières et esthétiques liées aux mouvements sociaux et militants du monde arabe et plus spécifiquement à la Tunisie).
samedi 8 juillet
15 h-17 h 30 - workshop
Simon Asencio - Ballades Infidèles
Cet atelier de traduction autour des Ballades en jargon du poète Françoy Villon.
Les Ballades en jargons sont formées de onze poèmes écrits au XVe siècle par le poète Françoy Villon et composés dans le parler des Coquillardxes, une communauté hors-la-loi [1] qui avait trouvé dans le vagabondage les moyens de subsister. Les Coquillardxes contournaient la langue médiévale pour communiquer entre elleux sans éveiller les soupçons. Les Ballades en jargon agissent comme des documents, scellant leur langue et leur vie dans des procédures poétiques, afin d’en assurer la préservation et la transmission. À ce jour, les Ballades en jargon conservent une part de mystère, ouvrant à de nombreuses interprétations sur la vie et l’identité des Coquillardxes et sur les liens du poète avec cette communauté. Certain·es voient dans les Coquillardxes une manifestation de sociabilité homosexuelle au Moyen- ge. D’autres y voient une langue véhiculaire formée des multiples parlers de l’époque, ou encore la manifestation des premières formes d’exclusion par la privatisation des terres du capitalisme naissant.
Ces ballades soulèvent la question de l’altérité au sein d’une langue, remettant en cause l’unicité d’une langue et la similarité de celleux qui l’emploient. Elle nous invite à considérer la forme poétique non pas comme forme noble et élitiste, mais comme un outil commun, un véhicule entre des réalités sociales et politiques.
Les participant·es se réuniront pour traduire collectivement ces ballades. All tongues welcome !
Entrée libre sur réservation
17 h-20 h et 22 h-00 h, en continu - projection
Charwei Tsai - Songs of Chuchepati Camp
Ces fiilms sont réalisés en collaboration avec Tsering Tashi Gyalthang, Songs of Chuchepati Camp (2017) et Songs of the Migrant Workers of Kaohsiung Harbor (2018), formant la trilogie « Songs We Carry » avec Hear her Singing, visible dans l’exposition choralités. On explore la dimension universelle du chant, présent dans les moments de tragédie ou de joie. Le chant est pensé par l’artiste comme outil de lutte collective, de résistance et d’espoir, porté par les voix de celles et ceux qui ne sont souvent pas entendu.e.s. Songs of Chuchepati Camp : « Nous avons visité le camp de Chuchepati pour les victimes du tremblement de terre à Katmandou. Après avoir passé un certain temps dans le camp, nous avons décidé d’enregistrer des chansons chantées par les victimes de tous horizons, exprimant leur état d’esprit actuel. Certain·es ont chanté des chansons folkloriques népalaises traditionnelles, tandis que d’autres ont improvisé l’histoire de leur vie. En se concentrant sur les valeurs communes et le désir humain le plus simple - être libéré de la souffrance - on évite la rhétorique politique pour partager et donner de la visibilité aux expériences personnelles des personnes en quête de refuge. »
Song of the Migrant Workers of Kaoshiung Harbor : « Le long du port de Kaohsiung, où sont amarrés les bateaux de pêche taïwanais, se trouvent de nombreux travailleurs migrants originaires de divers pays. Beaucoup d’entre eux sont des jeunes hommes d’une vingtaine d’années et c’est peut-être leur première fois sur la terre ferme après un an ou deux à travailler au milieu de l’océan sans aucun contact avec le monde extérieur. Jusqu’à la fin de leur contrat, les navires sont leur seule maison et ce port leur seule terre. Nous les avons invités à partager des chansons de chez eux qui leur étaient familières au cours de leur long voyage à travers des terres et des eaux étrangères. Nombre d’entre eux ont exprimé les sentiments complexes liés au travail à Taïwan, notamment la solitude de la vie en mer et les difficultés qu’ils doivent endurer dans le cadre de leur travail. »
Vente de livres de 17 h à 20 h
Dès 17 h-00h en continu – installation sonore
Catherine Radosa - Rues de la Fraternité.e
Composée lors de la Nuit Blanche sur la place de la Fraternité à Montreuil, la pièce sonore et installation Rues de la Fraternité.e propose de déployer, d’interroger, de s’approprier, d’actualiser, de mettre en mouvement le mot « fraternité » et ce qu’il inspire et évoque.
Par la réalisation d’entretiens avec un ensemble de femmes rencontrées à Montreuil, Catherine Radosa compose une polyphonie de paroles et de témoignages recueillis, interrogeant les représentations et les alternatives à ce terme symbolique et genré. Au cœur d’une installation sonore, dix-sept voix prennent corps dans l’espace : celles de Roseline Rollier, Salika Sissoko, Mbassa Diarra de la Maison des femmes, celles de Gaëtane Lamarche-Vadel, essayiste et Anne Brunswic, écrivaine, membres de la CIMADE, Sophie Wahnich, historienne spécialiste de la Révolution française, Élisabeth Pelsez, magistrate, Bani Khoshnoudi, artiste iranienne, celles des lycéennes du Lycée Jean-Jaurès (Samiate N’Kounkou, Rania Biyen, Elisha Youetto, Amexiane Guillamo, Léa Khenchare et Kayliah Germany), d’une membre des Colleur·euse·s de Montreuil, de Sophie Jankowski des Murs à Fleurs et de D. Catherine Radosa a également créé une composition visuelle de leurs paroles, apparaissant sur les grandes bannières accrochées sur la façade extérieure de la Maison pop.
19 h – performance et lecture
Rester.Etranger - France au revoir
Les auteur·ices de la famille Rester.Étranger vous expose un affichage public et lecture chorale d’un texte de Mohamed Bamba.
France au revoir est la revue en FLE de la famille Rester.Étranger. Sa saison éditoriale se meut hors scène, hors livre. L’écriture manuscrite semble être le motif principal, la langue française le lieu à habiter avec chacun·e ses langues maternelles, ses histoires de trajectoire, ses histoires de papiers, ses histoires chantées, imprimées, racontées.
En continu dès 19 h - performance
Simon Asencio - Bouillaque
La rumeur a mauvaise réputation. Ces bruits qui courent, ces actes de parole collectifs apparemment sans auteur·ice et vraisemblablement insaisissables, documentent les dissonances d’un inconscient collectif. Mais le plus vieux média du monde - c’est ce qu’on dit - est aussi un mode de communication, qui, aux côtés du tract, du graffiti et des histoires permet d’échanger des informations de manière officieuse. Vous croiserez une personne avec une casquette rouge avec un logo arc-en-ciel. Cette personne présente Bouillaque [2]. Bouillaque se transmet de bouche à oreille, à la demande.
20 h 30 - performance
Kristina Solomoukha & Paolo Codeluppi
Palimpseste géographique, négociations acoustiques, ou comment cacher un disque dans une réalité alternative ? Un tour dans l’histoire de contrefaçons, de la face A à la face B.
Réalisée pour la première fois en 2022, la performance relate deux histoires : celle de l’évolution des supports d’enregistrements acoustiques et celle d’un chanteur dont le destin est marqué par des changements territoriaux et modifications de frontières des pays dans lesquels il résidait.
21 h - performance
Saddie Choua & Saffina Rana - Zami #Episode 4 The lost manuscript of Nawal El Saadawi / le manuscrit perdu de Nawal El Saadawi
Explorant au travers de la musique et de la fiction documentaire la voix de femmes importantes et leur histoire, l’artiste Saddie Choua et la journaliste Saffina Rana proposent une performance sous forme d’entretien radiophonique. Après la sociologue Fatima Mernissi, l’architecte Lina Bo Bardi et Alexandra Kollontaï première femme ministre en Russie, Saddie Choua et Saffina Rana convoquent ici la présence de Nawal El Saadawi, écrivaine et psychiatre égyptienne, figure de l’émancipation des femmes dans le monde arabe. Les artistes proposent d’écouter les chansons qui auraient pu être les préférées de Nawal El Saadawi et partagent des anecdotes, histoires et rencontres possibles de sa vie.
22 h - Karaoké
Sængbõk, karaoké collectif et festi
Une proposition de Simon Asencio, avec les contributions musicales des intervenant.e.s du festival et de l’équipe de la Maison pop.
Bar et restauration en continu dès 17 h.
Portfolio
Ressources
Informations
Entrée libre sur réservation
Event facebook
Notes
[1] La communauté des Coquillardxes est essentiellement connue par le biais de ces poèmes et de documents judiciaires. Les Coquillardxes opéraient principalement dans les États du duché de Bourgogne alors alliés de la couronne d’Angleterre. Cette région fait aujourd’hui partie de l’État français.
[2] Dans le parler languedocien une bouillaque peut signifier un racontar ou un·e raconteur·euse.