GaBLé

Toujours en débord de la scène pop française, qui lui doit beaucoup, notre trio normand préféré s’était fait plus rare depuis trois ans et la fin de la tournée Comicolor, ciné-concert joué plus d’une centaine de fois. Il était temps, après tout, de souffler un peu. Pour réinvestir cette ingénierie foutraque, cet art du joyeux chaos qui ont fait leur signature, les GaBLé ont pris leur temps. Et le résultat est à la hauteur du travail entrepris. Que cela soit sur l’imparable We LooK aWay ou sur IT MaKeS SeNSeS, GaBLé déroule ici sa plus belle bricolo-pop, se baladant dans tous les registres, assemblant comme des légos flûtes traversières et bassons, bricoles électroniques, synthés et percussions cabossées, samples de voix passés au court-bouillon. En à peine trente minutes, les dix morceaux s’enchaînent, éclatant en bulles de couleurs comme des petites symphonies martiennes, dansantes, envoûtantes, mélancoliques et heureuses. PiCK THe WeaK est un album bienfaisant, un doudou sur lequel on pourra longtemps compter. Mais c’est aussi l’exercice de conscience d’un groupe qui, pour pénétrer le temps qui passe, le retenir encore dans ses filets, a su dépasser ses doutes, retrouver le goût de l’urgence et des retrouvailles. Ses chansons se traversent comme des tableaux fourmillant de détails, composant un canevas broussailleux et incroyablement cohérent à la fois, dans lequel nous nous plaisons à nous perdre et nous reperdre encore. Et de regoûter à cette passionnante chimie que l’on n’attendait plus et qui nous avait quand même beaucoup manqué.

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