Camille Martin – Breaking Kayfabe
De janvier à décembre 2025
Le cycle 2025 du Centre d’art de la Maison Populaire, intitulé Breaking Kayfabe et conçu par la commissaire invitée Camille Martin, comprend trois expositions et un programme public.
Dans le catch, le « kayfabe » consiste à maintenir l’illusion de la réalité. Il n’est pas dit ouvertement que les catcheur·euses incarnent des personnages, que les rivalités entre elles·eux sont scénarisées et que les matchs sont arrangés. Pourtant, les spectateur·ices s’en doutent et volontairement ils·elles performent la crédulité intégrant directement la fiction. Grâce au « kayfabe » savamment orchestré même en dehors du ring, la frontière entre fiction et réalité est constamment brouillée.
Dans l’art contemporain, les caractéristiques architecturales du « white cube » autant que l’importance du discours participent à créer une fiction. Depuis La Fontaine de Richart Mutt, l’œuvre d’art est déterminée par l’espace légitimant dans laquelle elle est exposée et par le propos conceptuel qu’on lui assigne. Ces conditions, partant d’une blague de Marcel Duchamp, maintiennent paradoxalement l’image d’une discipline sérieuse et intellectuelle souvent à l’origine d’un malaise, voire de classisme.
Le cycle d’expositions Breaking Kayfabe consiste à briser l’illusion. Il présente des artistes qui travaillent sur les dynamiques fictionnelles existantes au sein de l’espace d’exposition.
Continuateur·ices des idées de la critique institutionnelle, ils·elles mettent en évidence la performativité du milieu de l’art en se jouant du « kayfabe ».
Le catch étant une discipline conscientisant son rapport ambigu à la réalité, son jargon est à l’origine de la réflexion curatoriale permettant de décrypter et d’expliciter l’artificialité du monde de l’art.
Les trois expositions mettent à l’honneur des artistes issu·es de la jeune création francophone.
La commissaire
Camille Martin est commissaire d’exposition indépendante. Ses projets curatoriaux s’évertuent à considérer les rapports de pouvoirs qui se jouent aux seins des espaces d’arts. Elle s’amuse, parfois avec malice, à détourner ou renouveler les codes de l’art contemporain. Par son écriture curatoriale volontairement subjective et proche de l’oralité, elle souhaite repenser la posture du·de la commissaire d’exposition en portant une attention particulière, dans ses recherches et dans ses processus de travail, aux publics et aux enjeux d’accessibilité à l’art.
Formée en histoire de l’art à l’Université Paris Nanterre et en études curatoriales à l’Université Rennes 2, elle rejoint l’équipe du CAC Brétigny en mai 2018 en tant qu’assistante curatoriale puis prend le poste de responsable de production et commissaire associée jusqu’en février 2022.
Durant quatre ans, elle conçoit des projets pour promouvoir la jeune création au sein de l’institution. Elle accompagne notamment la résidence artistique de Laura Burucoa et se charge du commissariat des expositions au Phare, espaces d’accueil du Théâtre Brétigny, en 2021 et 2022 (Ibrahim Méïté Sikely & Neïla Czermak Ichti, Safouane Ben Slama, Sophie Rogg avec Cecil Serres, Fatma Cheffi, Milana Gabriel, Nastassia Kotava et Rafael Moreno).
En 2019, elle crée avec Cathy Crochemar le collectif commizariat, basé entre Paris
et Bruxelles, qui co-organise avec des programmateur·ices musicaux·ales des événements festifs offrant aux artistes des cadres de monstrations populaires et propices à l’expérimentation.
En 2022, elle fonde Art. 238 bis, une structure pensée pour soutenir la jeune création
qui accompagne les entreprises (PME et commerces) dans l’acquisition ou la location d’œuvres d’art contemporain.
Depuis 2022, Camille Martin est invitée à réaliser des expositions au FRAC Île-de-France, au 6b, à la Cité internationale des arts ou encore à La Terrasse de Nanterre.
Elle jongle également avec ses activités de chargée d’enseignement à l’université et d’intervenante dans différents dispositifs d’accompagnement des artistes (BBB centre d’art, La Renverse 93), témoignant de son intérêt pour la transmission.
Installation scénographique
Harold Lechien (né en 1995, vit et travaille à Bruxelles) est un artiste plasticien et cinéaste belge. Diplômé de l’école nationale des arts visuels de la Cambre (BE) en 2021, il poursuit son parcours au Fresnoy - Studio national des arts contemporains (FR) jusqu’en 2025.
Par une production plastique ou par le prisme des nouveaux médias, Harold Lechien transforme et détourne les images et les objets issus du commerce industriel, il interroge
le fétichisme des marchandises qui anime les consommateurs modernes, les logiques promotionnelles 2.0 et la novlangue qui les accompagne. Régulièrement exposé en Belgique et à l’étranger depuis 2018 (ISELP - Bruxelles, CWB, Paris, DMW Gallery, Anvers, TRANSMEDIALE, Berlin), son travail porte un regard singulier sur la circulation des émotions qui surgissent face à la production et à la réception affective des images et des produits industriels. Les œuvres d’Harold Lechien revendiquent une ambiguïté permanente ressentie entre l’humain et son environnement visuel et matériel.
À mi-chemin entre la sculpture, le design et la scénographie commerciale, son oeuvre se déploie par l’objet, l’image et la vidéo au sein d’installations polymorphes et modulaires, où stratégie marketing et création contemporaine se répondent.
Communication graphique
Invitée par la commissaire à créer l’identité visuelle complète du cycle, Clémence Rivalier est une artiste basée à Paris et diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en juillet 2019. Elle imagine et compose des dispositifs imprimés et numériques (affiches, livre, fanzines, photographie, scénographie et installations). La couleur et la combinaison des formes ont une place prépondérante dans son travail de création.
Clémence Rivalier réalise des projets de commandes en tant que designer graphique pour des affiches, des identités visuelles et des éditions, mais aussi des projets auto-initiés allant du fanzine jusqu’à la performance.
Clémence Rivalier a notamment été résidente Artagon Pantin de 2022 à 2024.