Les mondes séparés

présenté par Howard Caygill, professeur de philosophie européenne moderne, Kingston University.

présentation suivie d’une discussion avec la salle, au Cinéma Méliès

Comment sauver l’autre ? Comment sauver l’autre alors qu’il/elle est perdu(e) dans un autre monde, comment le ou la sauver alors qu’il/elle est enfermé(e) sous stricte surveillance, comment sauver l’autre dès lors qu’on l’a déjà tué(e) ? Inland Empire de David Lynch répond à de telles questions par une série de propositions sotériologiques qui s’agrègent à la mission rédemptrice du cinéma. À partir de la lumière des ténèbres—à la fois promesse et menace — Inland Empire déploie un labyrinthe gnostique où s’entrecoupent des mondes perdus—des coquilles dominées par les pouvoirs démoniaques voués au mal — à travers lesquels un rédempteur à peine conscient de sa mission cherche à sauver l’autre. Des actes de tiqqun, des actes antinomiques et des diversions ponctuent la quête qui intensifie la tension entre l’événement et sa répétition dans Lost Highway, tout comme la tentative désespérée de racheter par l’amour la victime dans Twin Peaks. En marge de ces films dans les films qui font Inland Empire, émerge l’espoir que le cinéma peut renverser le temps, qu’il peut trouver l’apocatastase perdue et intime ou le monde dans lequel tous sont sauvés, même les pires.
Howard Caygill