Citoyen Spectateur
Du 5 au 8 mars 1998
Pour ses 30 ans la Maison populaire présente le troisième événement Citoyen-spectateur : Quand le cinéma sert de tremplin aux spectateurs pour prendre leur place de citoyens.
Acte des rencontres et débats « Citoyen Spectateur » 1998
Jeudi 5 mars
Individu et déracinement
10h 15
De père en fils de Jean-Claude Guidicelli (France, 1993, 105 min, vidéo)
Débat : Flux migratoires : exploitations politiques et réalités.
avec Christian de Brie, journaliste au Monde diplomatique ; Danièle Lochak, Gisti, Groupe d’information et de soutien aux travailleurs immigrés (sous réserves) ; Aline Pailler, journaliste et député européenne.
14 h 15
Au loin s’en vont les nuages de Aki Kaurismaki (Finlande, 1996, 96 min)
Débat : « Exclusion » ? Réflexions sur la société de compétition, sur les notions de ‘ croissance » et de « productivité ».
avec Pierre Contesenne, Droits Devant, Philippe Labarde, journaliste, co-auteur de Ah ! Dieu que la guerre économique est jolie ; Alain Lebaube, journaliste au Monde.
18 h 00
Présentation de l’association AC ! (Agir ensemble contre le chômage) et des journées d’action à venir.
20 h 15
Walk the walk de Robert Kramer (France, 1995, 110 min)
Débat : Repli sur soi, tentation sécuritaire, xénophobie, incivisme, brouillage des références communes... Réflexions sur les formes et les causes de la dégradation du lien social, en France et au niveau international.
avec Christophe Dejours, psychanalyste, auteur de Souffrance en France ; Jean-Pierre Garnier, sociologue, auteur de Barbares dans la cité ; Robert Kramer, cinéaste.
Vendredi 6 mars
Individu et engagement
10 h 15
Mourir à trente ans de Romain Goupil (France, 1982, 95 min)
Débat : 30 ans après 1968... que reste-t-il des rêves égalitaires... ?
avec Daniel Cohn-Bendit, député européen (sous réserves) ; Jean-Pierre Duteuil, auteur de Vers le mouvement du 22 mars ; Pierre Maillot professeur à l’école nationale Louis-Luniière ; Patrick Viveret, rédacteur en chef de Transversales Science/culture.
14 h 15
Quand les femmes ont pris la colère de Soazig Chappedelaine (France, 1977, 75 min.)
Débat : La crise de la représentativité politique est-elle dans une large mesure du domaine du préjugé tous pourris ») ? Ou bien assiste-t-on à une remise en cause des professionnels de la politique plus sérieuse qu’il n’y paraît ?
avec Patrick Champagne, sociologue, auteur de Faire l’opinion (sous réserves) ; Henri Maler, philosophe, auteur de Convoiter l’impossible ; Denis Sieffert, rédacteur en chef de Polilis.
18 h 00
Présentations de l’association ATTAC (association pour une taxe Tobin d’aide au citoyen.)
20 h 15
Roger et moi de Michaël Moore (États-Unis, 1987-89, 90 min.)
Débat : Caractéristiques et conséquences sociales de ce qu’on appelle « mondialisation ».
avec Richard Farnetti, économiste, co-auteur de Le modèle anglo-saxon en question ;
Susan George, directeur associé du Transnational Institute, Amsterdamm Jean-Baptiste Eyraud, Droit au logement.
Samedi 7 mars
Individu et utopie
10 h 15
Les voisins de Norman Mac Laren (Canada, 1952, 5 min.)
Léonmali de Lara Rastelli (France, 1996, 10 min.)
Lumières sur un massacre de Rithy Panh -de la série de films de Handicap International- (France-Cambodge, 1997,5 min.)
L’île aux fleurs de Jorge Furtado (Brésil, 1989,15 min.)
Débat : Banalisation de la misère, constat d’échec des tentatives internationalistes : entre l’invitation à « cultiver son jardin » et la renonciation à changer le monde ?
avec Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, co-auteur - avec Eyal Sivan - du film Le spécialiste ; Maurice Lemoine, journaliste au Monde diplomatique.
14 h 15
Conserv film de Zlatin Radev (Bulgarie, 1991, 18 min., animation)
La Ferme des animaux de John Halas et Joy Batchelor (Grande-Bretagne, 1954, 73 min., dessin animé)
Débat : Acquis et limites de l’individualisme. La fin des idéologies, qu’est ce que ça veut dire ?
avec François Brune, auteur de Les médias pensent comme moi ; Max Dorra, professeur de médecine ; Serge Halimi, journaliste au Monde diplomatique.
18 h 00
L’observatoire, revue de presse. animée par Thierry Atlan.
20h 15
Land and fredom de Ken Loach (Grande-Bretagne, 1995, 109 min.)
Débat : Quelles alternatives à l’économisme et à la compétitivité ? Autogestions d’hier à demain. Réflexions sur le développement durable.
avec Pierre Larrouturou, Mouvement des 4 jours, auteur de 35 heures, le double piège Alain Lipietz, économiste, auteur de La société en sablier ; Franck Mintz, historien.
Dimanche, 8 mars
Individu et appartenance
10 h 15
lzkor de Eyal Sivan (France, 1990, 97 min.)
Débat : Par quels mécanismes la défense ou l’affirmation des identités - nationales, régionales, linguistiques, religieuses... - conduisent-elles à la violence ?
avec Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomtique (sous réserves) ; Séverine Labat, historienne ; Emma Schnur, philosophe ; Eyal Sivan, cinéaste.
14 h 15
Dans la rue de François Guillment et Michaël Lheureux (France, 1996, 57 min., vidéo)
Débat : Mouvements sociaux et actualités syndicales.
La baisse des effectifs des syndicats et des partis politiques est-elle le signe d’un affaissement de la conscience civique, d’un essoufflement de la démocratie, ou bien l’engagement des citoyens prend-il d’autres voies ? Face aux nouveaux défis d’organisation, de répartitions des richesses, d’invention de notre environnement et de nos vies, le foisonnement associatif est-il une force ou une faiblesse ?
avec Gilles Balbastre, journaliste, co-auteur de Journalistes au quotidien ; Joëlle Stechel, journaliste.
19 h 00
René Vautier, cinéaste, présentera l’association qu’il a fondé, Images sans chaînes. Puis, en présence du réalisateur,
Pas vu, pas pris de Pierre Carles (France, 1996, 7.5 min., vidéo)
Interdit d’antenne en France, ce film viendra annoncer la thématique du second épisode de Citoyen Spectateur en préparation « Public, cité, publicité », projections et débats sur la vocation du service public en général et dans le domaine de la télévision en particulier.
Séance gratuite, sur invitations à retirer à la caisse du cinéma Georges Méliès.
22 h 00
Le vagabond de Charles Chaplin (Etats-Unis, 1916, muet, 20 min.)
L’émigrant de Charles Chaplin (Elats-Unis, 1917, muet, 20 min.)
Mis en musique, en direct et à l’accordéon, par Marc Perrone.
Les rencontres se termineront en musique avec une séance gratuite (sur invitations à retirer à la caisse du cinéma)
À l’origine de ces rencontres, il y a le sentiment d’appartenir à une société où le terme même de « politique » provoque de courantes réactions de mépris ou de répulsion.
Et de là, quelques questions. Par exemple, la génération née dans les années soixante et celles qui suivent, sont-elles largement dépolitisées, ou bien ne savons-nous pas voir les résistances à l’œuvre, la multiplication réelle de contre-pouvoirs et de nouvelles formes d’implication dans la vie de la cité ?
Ces générations sont-elles désespérément carriéristes, égocentriques et incapables de faire émerger quelque projet collectif que ce soit ? Ou bien ici et là ne s’annonce-t-il pas un engagement civique et politique soucieux de penser la société et d’agir sur elle ?
Difficile à dire... En tout cas, ce n’est pas le visage que les grands médias offrent de l’engagement politique qui risque de nous y aider. Brouillage et saturation, descriptions en chaîne d’un monde complexe, désordonné, vivant au rythme d ‘« incontrôlables » cours de la bourse, de dégraissages « inévitables », d’ « incontournables » gains de productivité. Et pourtant, quelque chose nous dit que ces réalités deviennent d’autant plus « inéluctables » qu’elles sont médiatisées comme telles, et que les puissants médias audiovisuels sont pour l’essentiel une remarquable invite au désengagement.
Dans leur écrasante majorité, les messages qui constituent le « paysage audiovisuel » s’adressent avant tout à des consommateurs. Une quantité massive de messages/stimulations, de l’avidité au confort, qui noie toute tentative civique d’envergure.Avec Citoyen Spectateur, notre initiative est double.
D’un côté, c’est le désir de projeter des films en salle, de découvrir, ou de revoir des œuvres plus ou moins bien diffusées, dans le domaine du documentaire, comme dans celui de la fiction. De l’autre côté, ce sont, au-delà du plaisir de cinéphiles, les motivations de citoyens qui s’interrogent sur la conduite des affaires de la cité, sur ce que « faire de la politique » signifie à la fin du XXe siècle, à l’heure d’une intense désillusion à l’égard des possibilités d’action collective. Sans rêver au meilleur des mondes, on se prend à croire avec la naïveté qui s’impose que donner du sens au mot solidarité, cela dépend de nous, c’est-à-dire de chacun. Et même si l’on s’effraie parfois de notre propre indifférence, submergés par un flux d’informations continu et à plus d’un titre désespérant, beaucoup d’entre nous ressentent l’urgence de se donner de nouvelles bases pour agir, de déterminer collectivement un certain nombre de priorités et de convergences. Par exemple, la recherche d’une certaine lucidité sur les enjeux politiques internationaux mais aussi, la volonté de s’impliquer au niveau premier de la politique - la cité - et par là, de donner corps et sens à notre propre citoyenneté dans le cadre d’un engagement local. Imaginer d’autres outils pour intervenir dans la vie démocratique.
Tisser de nouvelles associations, mieux comprendre et travailler avec celles qui existent déjà.
Plus largement, beaucoup se demandent comment, avec qui, et autour de quel (s) projet (s) il sera possible de converger pour sortir tant du libéralisme et du productivisme que des tentations nationalistes et xénophobes. Nos rencontres s’organisent dans le but avoué de prolonger les initiatives et les réflexions qui tentent de répondre à ces questions.
Collectif initialement formé de cinéastes, journalistes et militants du secteur associatif, nous proposons avec ces rencontres une sélection de films qui rejoignent tous la problématique « appartenance et déracinement ».
Dans ce cadre, partir du jeu de mot « soliaires/solidaires », c’est vouloir observer comment les individus continuent de se structurer à travers leur adhésion à un groupe ou un ensemble de groupes (famille, clan, ville, nation, classe sociale ...).
L’occasion d’entendre et de susciter de nouvelles initiatives pour une citoyenneté lucide et agissante face à un monde de plus en plus communément décrit dans son absurdité, sa violence, son chaos.
Faire circuler les idées, les analyses et les œuvres.
Être à l’écoute de l’histoire, travailler le présent.
Projeter, au sens que ce mot possède au cinéma et aussi, avec sa signification prospective d’anticipation, d’organisation, de prévention, bref, de politique.
Ressources
Informations
en collaboration avec l’association De l’autre côté et le cinéma Georges Méliès.