Nicolas Frize
D’octobre 1997 à mai 1998
Révolution, je t’aime...
La musique court les rues
Révolution, je t’aime…
C’est le projet impulsé par le compositeur et musicien Nicolas Frize qui appelle à la mobilisation générale pour que les montreuillois s’investissent dans une création à la fois civique et musicale.
Déjà cent cinquante personnes se sont inscrites dans sa démarche pour donner corps et voix à ce projet.
Durant les cinq week-ends entre mars et avril, les ateliers de répétions auront lieu de 17 à 21 heures.
L’inscription et la participation aux ateliers sont gratuites pour tous.
Article de presse « Montreuil-Dépêche hebdo »
Le compositeur Nicolas Frize, en résidence dans le département, innove une fois de plus dans la création musicale. Le 16 mai 1998, lors d’un concert pour les 30 ans de la Maison populaire, intitulé « Révolution, je t’aime », des centaines de choristes donneront de la voix dans les rues de Montreuil.
Que ce soit dans une grande usine comme chez Renault, un lycée ou un hôpital, une prison, un Palais de justice ou une gare, Nicolas Frize a fait entrer la musique dans des lieux inhabituels.
Quand il sort du Conservatoire national supérieur de Paris, cet ancien élève de Pierre Schaeffer, l’inventeur de la musique concrète, a l’audace de mélanger des instruments traditionnels et des chœurs avec des sons de bandes magnétiques ou d’objets détournés comme des pierres ou des jouets. Ses études supérieures de piano, de chant et de direction de chorale n’ont fait que l’inciter à chercher ailleurs : « Comment donner à la musique une dimension sociale ? Au conservatoire, on fait entrer les compositeurs dans une sorte de « mytification » de la musique. En fait, on manipule de l’immatériel, du vent Je souhaite que mes concerts soient gratuits en y associant toutes celles et tous ceux qui le veulent ».
Car l’autre particularité de Nicolas Frize est d’inciter les chanteurs et musiciens non professionnels à s’investir dans ses créations. « Une expression artistique, par exemple, dans un lieu de travail, révèle la partie sensible des gens, explique-t-il. On veut croire qu’un ouvrier exerce de simples gestes sur une machine. Certes, cette machine est indispensable, mais anecdotique. En réalité, chacun met en œuvre son corps, sa mémoire, sa sensibilité. C’est cet aspect qui m’intéresse. La création peut bouleverser l’image de quelqu’un et seul un message sensible comme la musique peut le faire. »Une gigantesque chorale dans les rues de Montreuil.
Les grands événements créés par Nicolas Frize, son concert de baisers dans les jardins du Palais-Royal, son concert de savants à la Villette, de locomotives à la gare de Lyon, ont fait de lui un compositeur hors normes. Aujourd’hui, cet artiste a l’ambition de fêter les 30 ans de la Maison populaire avec « exaltation et jubilation. Nous fêtons aussi la naissance, en 1968, d’un lieu qui appartient à tout le monde sans barrage social ou racial, donc populaire. On peut imaginer une gigantesque manifestation musicale dans toutes les rues de Montreuil ! le 1er mai 1998 ».
Pour que cette manifestation soit à la hauteur de ses espérances, Nicolas Frize espère mobiliser le maximum de Montreuillois. « Je propose d’écrire une pièce de 13 minutes à trois voix intitulée Révolution, je t’aime, que tout le monde serait capable de chanter », projette le musicien. « J’aurais envie que la ville de Montreuil s’arrête quelques instants et que les habitants viennent avec nous « déclarer leur existence ». La rue représente un espace commun à tous les citoyens. On est chez tout le monde et tout le monde est chez nous. C’est aussi là que se confrontent l’égalité et la liberté ».
Alors avec ou sans instruments de musique, d’une voix claire ou rauque, chantant juste ou faux, tous les Montreuillois sont conviés à cette « déclaration d’existence », orchestrée par un maître chanteur qui échange son talent contre le plaisir de fêter en musique la conquête de l’espace... public.
À l’image de la Maison populaire qui, depuis trente ans, offre à tous l’accès aux loisirs, et à la culture et s’impose comme un lieu de débats permanent.
Françoise Chrismann, janvier 1998
Des ateliers de répétitions fleuriront à tous les coins de rues entre les mois de mars et avril, pendant quatre dimanches de 17 à 21 heures.Laboratoire musical place de l’Église
« J’ai appris à m’ouvrir à l’inattendu lance Pascale. « Et moi j’ai pris un plaisir fou à parier avec des gens que je ne connaissais pas » rétorque Jacqueline. Depuis plusieurs semaines, ces Montreuilloises ont participé aux ateliers dirigés par le compositeur et musicien Nicolas Frize. Son projet intitulé « Révolution je t’aime » était un clin d’œil aux événements de 1968 et fêtait les 30 ans de la Maison populaire. Les discussions sur des thèmes choisis par les participants servaient de textes aux partitions du compositeur. Le samedi 16 mai, sur la place de l’Eglise, des dizaines de Montreuillois se sont lancés dans cette expérience insolite. Autour des tables on débattait sur « l’érotisme » ou « le mouvement ». Certains groupes jouaient la carte de l’humour, d’autres échangeaient plus sérieusement sur notre fragile condition humaine. Doutes et certitudes se sont confrontés avec la science, le hasard, l’équilibre, la sexualité, etc. Mais avec Nicolas Frize, ces philosophes sont vite devenus les choristes d’un concert qui prenait forme de minute en minute. D’abord par groupes autour des musiciens professionnels, avant de constituer un grand ensemble vocal où le plaisir de chanter s’exprimait sur toutes les gammes, sous la direction d’un chef de chœur hors normes. Étonnant !
Françoise Chrismann, mai 1998