Résidence atelier de recherche

Clown et Philosophie

Du 5 février au 17 avril 2015

Sous la conduite de Violaine Chavanne, assistée de Raffaella Gardon
Laboratoire des Arts et Philosophies de la Scène.

Violaine Chavanne pratique dans la vie le clown comme la philosophie. C’est au sein du LAPS (Laboratoire des Arts et Philosophies de la Scène) qu’elle a formé le projet d’un atelier pratique de recherche explorant les affinités entre les deux pratiques. Assistée par Raffaella Gardon, elle mènera ainsi de février à avril à la Maison populaire un atelier de jeu clownesque autour de cette question, avec des comparses philosophes, comédiens, amateurs du jeu clownesque et/ou de la pensée philosophique.

Les deux pratiques ont en effet en commun d’avoir pour affect fondamental l’étonnement : le clown, réceptif au moindre détail, en fait un événement. La philosophie de son côté commence en s’étonnant des évidences.
Il s’agira alors d’éprouver en quoi le clown est en lui-même une machine philosophique. Doté du masque élémentaire, le nez rouge, il a d’abord le pouvoir de singulariser et d’universaliser les traits de caractère de chacun, de faire accéder telle faille, telle idiosyncrasie au statut d’une vérité générale. Le clown produit également une véritable performance métaphysique puisque avec lui l’élémentaire, le menu, le presque rien accèdent à l’existence et forment un monde en soi, un monde justifié. Enfin le clown déploie une position politique singulière car il fait spectacle de ses échecs, de ce qui le rend pour la vie sociale tout à fait improductif. En en tirant des galons par le rire qu’il suscite, il transforme ses faiblesses en force et est ainsi résolument subversif.

Il s’agira, à partir de cette matrice, philosophique déjà en elle-même, d’inoculer de la philosophie à petites doses (concepts, postures, questions), de manière très fragmentée voire quasi insignifiante, afin de voir quelles folles transformations, quelles envolées ou au contraire quels ânonnements le travail d’improvisation peut lui faire subir. Car la philosophie a sa grandeur mais aussi ses misères. Et finalement ce qui sera en jeu, ce sera d’expérimenter ce que la pensée doit au jeu et au corps, comme, fondamentalement, ce qu’elle doit à l’irrévérence.

Ce travail donnera lieu dans le courant de l’année 2015 à une restitution à la Maison populaire dont la forme naviguera entre conférence, compte rendu de l’expérience et performance.


Violaine Chavanne vit à Montreuil. Elle est philosophe et comédienne. Elle pratique le clown depuis de nombreuses années. Elle a également mis en scène, Italienne avec Orchestre de Jean-François Sivadier ainsi que La Force de l’habitude de Thomas Bernhard et a collaboré artistiquement à divers spectacles. Auteure d’une thèse de philosophie sur le théâtre, sur la question de l’image, elle poursuit ses recherches dans le cadre du laboratoire HAR (Histoire des Arts et des Représentations) à l’université Paris-Ouest Nanterre-La Défense et du LAPS (Laboratoire des Arts et Philosophies de la Scène). Elle est auteure de divers articles sur Joël Pommerat, Jérôme Bel, Robert Wilson, Robert Lepage, Christoph Marthaler et sur le cinéma de Robert Bresson.

Informations

Le LAPS est un laboratoire réunissant chercheurs dans le supérieur et artistes autour des rapports théoriques et pratiques entre théâtre et philosophie.

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