L’homme de la seconde nature : le rêve (américain) est-il (encore) possible ?
Jeudi 19 novembre 2015 à 20 h 30
Projection suivie d’une présentation et d’une discussion avec les spectateurs.
Au Cinéma Le Méliès de Montreuil.
Films : Les deux cavaliers de John Ford (Etats-Unis, 1961, 1 h 45)
Avec James Stewart, Richard Widmark, Shirley Jones.
présenté par Gérard Bras, ancien directeur de programme au CIPh.
Les deux cavaliers apparaît immédiatement comme un western atypique, ou plutôt mettant en crise les codes du genre tout en semblant les suivre. La situation initiale est celle où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (corrompus) possibles, embarrassé par un groupe de laissés-pour-compte, parents d’enfants enlevés depuis plusieurs années par des Comanches et qui croit voir son sauveur en la personne du sheriff Mc Cabe. Mais celui-ci n’agit que sous la contrainte, puis profitant de leur désir pour monnayer sa mission à prix fort. La résolution se donne comme doublement désastreuse : pour les familles qui croyaient que les liens du sang assuraient la permanence de l’attachement des leurs à leurs origines ; pour le sheriff lui-même, évincé par son adjoint minable, mais qui a bien assimilé sa leçon. A en rester là, nous ne serions que devant une dérision de western. Ce schéma est troublé par une intrusion, surgissement aléatoire d’un électron libre : le retour chez les blancs d’une femme mexicaine que personne ne réclamait, ancienne épouse d’un chef comanche, intruse partout où elle se présente. Le tort qu’elle subit et qu’elle nomme ouvre la crise en renvoyant à chacun le trouble insupportable d’une identité relevant de la seconde nature, sans première nature assignable. Deleuze disait, à propos de Ford justement : « une communauté est saine tant que règne une sorte de consensus qui lui permet de se faire des illusions sur elle-même, sur ses motifs, sur ses désirs et ses convoitises, sur ses valeurs et ses idéaux ». En 1961 il n’est plus certain, pour le cinéaste, que ce rêve et cette illusion soient encore possibles : l’intruse révèle que le prix à payer est trop élevé et engage à fuir hors champ, renvoyant la communauté à sa sclérose. Vers quel réel ?
Gérard Bras
Informations
Au Cinéma Le Méliès à Montreuil
12 Place Jean Jaurès
Tel. 01 48 70 69 13
- M° Mairie-de-Montreuil (ligne 9)
Le prix de la séance, conférence comprise :
Plein tarif, 6 euros
Tarif réduit, 4 euros (moins de 26 ans, allocataires des minima sociaux, demandeurs d’emploi, retraités, porteurs d’un handicap (+ place gratuite pour un accompagnateur).
Tarif abonnés : 5 euros
Le cycle des Écrans philosophiques est conçu par la Maison populaire et organisé avec le Collège international de philosophie en collaboration avec trois salles de Cinéma du département de la Seine-Saint-Denis, Le Méliès (Montreuil), L’Ecran (Saint-Denis).