L’hypnotiseur et la sorcière : penser leur lien au delà de l’apparente opposition des genres
vendredi 6 avril 2012 à 20 h
Dans le cadre de l’exposition Plus ou moins sorcières 1/3 : Ambivalence d’une figure
Une conférence performée, proposée par Vanessa Desclaux, commissaire et critique d’art
Texte : Vanessa Desclaux
Incluant des extraits de Les Parleuses (1974) de Marguerite Duras et Xavière Gauthier
Mise en scène : Morgane Lory
Conception sonore : Matthieu Canaguier
Avec : Vanessa Desclaux, Serge Ryschenkow, Nadège Sellier
Vanessa :
Pourquoi vouloir mettre en scène une conférence ?
Le texte convoque des éléments historiques, théoriques et littéraires, mais c’est à travers des éclats de voix que l’écriture fait émerger ces figures singulières et conçoit le dispositif même de la conférence comme un espace autre.
Morgane :
Comment mettre en scène une conférence ?
Il s’agit de faire entendre le rythme de la pensée, de l’argumentation, mais aussi de prendre en charge sa dimension poétique, en amplifiant les images créées ici par l’évocation des deux figures de l’hypnotiseur et de la sorcière.
Vanessa :
C’est une intuition qui a d’abord conduit à l’idée de concevoir cette conférence, l’intuition que des liens existaient entre deux figures mystérieuses et mouvantes dont les trajectoires historiques apparaissaient complexes et contradictoires. Cette conférence a tenté d’assouvir un désir, inspiré par des artistes et des auteur(e)s, d’explorer le potentiel poétique d’un rapprochement entre l’hypnotiseur et la sorcière.
Morgane :
Nous avons souhaité partir de la situation concrète de la conférence, pour en détourner les outils (micro, projection) et les transformer en un dispositif hypnotique : ce détournement donne naissance à un univers mental, onirique, permettant de faire advenir par la perception, au-delà des mots, les idées majeures de ce texte.
Vanessa :
La voix est un des éléments centraux de l’hypnose. Si le terme « sorcière » passe au fil des siècles d’une stigmatisation (imposée par les représentants du pouvoir dominant) à celui d’une appropriation (par celles – féministes, artistes, auteures – qui assument contrevenir à l’ordre établi), à travers laquelle elle devient une figure, une métaphore, une expérience littéraire, c’est bien par le biais de l’affirmation d’une voix, d’une prise de la parole par celles qui jusqu’alors en étaient privées, ou dont les propos étaient extorqués. Cette « parole féminine hors norme », conçue comme une altérité à une parole normative (d’autorité) est ici rendue perceptible par les extraits des Parleuses, qui viennent en contrepoint du discours conférentiel, dans lequel, grâce au dispositif de mise en scène, cette parole s’immisce sous forme d’interruption, d’écho, de bégaiement.
Morgane :
C’est donc un travail construit autour de l’alternance de ces discours et de ces voix que nous proposons. La figure du conférencier est alternativement incarnée par un acteur et une actrice. La figure de l’auteure est quant à elle dédoublée : présence silencieuse dans l’espace de jeu, elle guide l’évolution de la performance grâce aux interventions de sa voix enregistrée, surplombant les prises de parole des comédiens.
Lire la présentation du projet Plus ou moins sorcières
Informations
À la Maison populaire
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Réservation au 01 42 87 08 68