Plus ou moins sorcières
janvier-décembre 2012
Un projet en trois volets
Commissaire invitée : Anna Colin
Au croisement de l’histoire, de la sociologie, de l’art et de la culture populaire, Plus ou moins sorcières est un projet qui prend pour point de départ la figure de la sorcière comme métaphore de l’altérité. À travers ce projet, le terme « sorcière » est envisagé comme construction sociale : ça n’est pas tant la praticienne de la sorcellerie qui nous intéresse, mais davantage celle qui est qualifiée de sorcière (par le judiciaire, les médias, les institutions religieuses et l’opinion publique), et ce, au fil des siècles et dans des contextes géographiques variés, pour avoir voulu s’opposer à l’ordre socio-culturel et économique établi. Indépendante, insoumise, non-conformiste et marginale, la dite « sorcière » symbolise ainsi la femme qui prend la parole ; celle qui quitte la sphère domestique au profit de l’arène politique ; celle qui a le contrôle sur son corps et sur ses actions ; celle qui défie la division sexuelle du travail ou encore la binarité du genre.
Le signifiant « sorcière » et son dérivé « sorcellerie » ont été le sujet d’appropriations dans une variété de situations contemporaines. De la dite « chasse aux sorcières » menée par le gouvernement de McCarthy contre les communistes aux États-Unis dans les années 1950, à l’identification de certaines féministes à la sorcière des années 1960 à nos jours, ces signifiants continuent de hanter notre quotidien. Mondialement connues de par leur appartenance à la culture populaire, ces évocations historiques émergent de manière particulièrement effective quand il s’agit de réprouver – ou au contraire d’affirmer – une position dite « déviante », non-alignée à la logique capitaliste et/ou patriarcale.
Est plus ou moins sorcier(ère), on l’aura compris, celle ou celui qui défie les structures du pouvoir en place et imagine des modèles socio-culturels et économiques plus égalitaires. Pour ce faire, et entre autres stratégies déployées, il s’agit de maintenir ses différences et de se camper dans la marge – conçue comme espace de résistance à la normativité* ; et d’inventer un vocabulaire alternatif, puisant sa source dans la métaphore, la poésie, la fabulation, le folklore, l’organisation collective ou l’éducation mutuelle.
Plus ou moins sorcières s’intéresse à ces différentes stratégies à travers un cycle d’expositions, de projections, de performances et de conférences engageant la contribution d’artistes, de chercheur(se)s et de militant(e)s de diverses générations. La figure de la sorcière sert de prétexte pour aborder sur trois volets respectifs : les appropriations féministes et queer de référents historiques marginaux ; la place et le potentiel du rituel dans l’organisation politique collective ; et les relations entre superstition et rationalisme dans des contextes allant de la Grande-Bretagne à l’Afrique.. Loin de prétendre à l’exhaustivité des sujets traités, Plus ou moins sorcières a pour ambition de partager diverses réflexions et points de vue sur ces questions en touchant à l’actualité comme à l’histoire et en faisant converger plusieurs disciplines dans le même espace.
— Anna Colin
* Cf bell hooks, « Choisir la marge comme espace d’ouverture radicale », in Désirs : race, genre et politique culturelle (1990).
Anna Colin est commissaire invitée en 2012 à la Maison populaire. Jusqu’en juin 2012, elle était directrice associée du centre d’art et de recherche Bétonsalon, Paris, et avant cela était commissaire d’exposition à Gasworks, Londres (2007-10), commissaire invitée à la Women’s Library, Londres (2010), co-éditrice de la revue Untitled, Londres (2007-08) et programmatrice pour Resonance 104.4FM, Londres (2002-06).
Plus ou moins sorcières est le résultat d’une recherche rendue possible par une bourse de Centro Cultural Montehermoso, Vitoria-Gasteiz obtenue en 2010.
Programmation
Plus ou moins sorcières 1/3 : Ambivalence d’une figure
du 18 janvier au 7 avril 2012
vernissage mardi 17 janvier 2012 à partir de 18 heures
Plus ou moins sorcières 2/3 : Épreuves ritualisées
du 10 mai au 29 juin 2012
vernissage le mercredi 9 mai 2012 à partir de 18 heures
Plus ou moins sorcières 3/3
du 3 octobre au 15 décembre 2012
vernissage le mardi 2 octobre 2012 à partir de 18 heures
Autour des expositions
Écran social
Mercredi 25 janvier 2012 à 20 h 30
Carte blanche à la réalisatrice Camille Ducellier : projections et discussion autour de la question du genre et de la transgression de la norme.
Sun in your head
Vendredi 23 mars 2012 à 20 h
Ecran Somnambule
Un solo chorégraphique de Latifa Laâbissi, suivi d’une discussion et d’une projection de films.
Art in vivo
Mercredi 28 mars 2012 à 20 h
« Vieille Femme Salie »
Un événement initié par Caroline Darroux, ethnographe et porte-voix, en collaboration avec l’artiste Marie Preston.
Art in vivo
Vendredi 6 avril 2012 à 20 h
L’hypnotiseur et la sorcière : penser leur lien au delà de l’apparente opposition des genres
Une conférence proposée par Vanessa Desclaux (commissaire et critique d’art) et présentée en collaboration avec Morgane Lory (metteur en scène) et Matthieu Canaguier (créateur sonore).
Art in vivo
Samedi 19 mai - 15 h à 18 h
La Sorcellerie Capitaliste
Workshop mené par Isabelle Stengers autour de sa proposition pragmatique La Sorcellerie Capitaliste, une recherche et un ouvrage publié en collaboration avec Philippe Pignarre à La Découverte en 2005.
Entrée libre - réservation conseillée
Écran social
mercredi 30 mai - 20 h 30
Carte blanche à l’artiste Richard John Jones
Projections et discussion autour de la spiritualité queer et des intersections entre rituel et sexualité. Au cinéma le Méliès - 6,5 / 4 euros
Visites commentées gratuites
Visites individuelles sur demande à l’accueil du lundi au vendredi entre 14 h et 21 h et sur rendez-vous.
Visites pour les scolaires et visites de groupe sur rendez-vous.
Inscription à l’accueil ou au 01 42 87 08 68
Accueil de stagiaires en médiation
Merci d’adresser votre demande à Pauline Gacon, directrice
Informations
Le centre d’art est ouvert
Du lundi au vendredi de 10 heures à 21 heures
Le samedi de 10 heures à 16 heures 30.
fermé les dimanches, jours fériés et vacances scolaires
Entrée libre
Pour tous renseignements :
Adélaïde Couillard Bach, coordinatrice
Contact presse :
Maud Cittone
Le centre d’art est soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Île-de-France, le Conseil régional d’Île-de-France, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis et la Ville de Montreuil.
Le centre d’art fait partie de Tram, réseau art contemporain Paris/Île-de-France
Le centre d’art participe également à Parcours Est, une initiative des structures dédiées aux Arts visuels de l’Agglomération Est Ensemble.