Malena Beer & Stéfane Perraud
novembre 2006
anomalA
Danse et multimédia
La Maison populaire accueille Malena Beer et Stéfane Perraud pour le développement de leur projet anomalA (danse et environnement multimédia temps réel).
Ce projet constitue le deuxième volet du solo Bestia (création 2005), né d’un travail de recherche sur les mouvements « non humains » qui les ont amenés à développer une danse très proche de l’animalité. C’est ainsi que c’est développé l’idée d’un travail sur une danse ambiguë, une danse qui dénoue les frontières, qui raccourcit les distances entre l’humanité et l’animalité.
Toujours en s’interrogeant sur ce qui reste d’animal en nous, Malena Beer et Stéfane Perraud aimeraient dans le cadre de ce projet introduire la question des nouvelles technologies : comment modifient-elles notre façon de percevoir notre corps et ses mouvements ainsi que notre environnement, en générant de nouvelles expériences identitaires ? Où se trouve l’homme dans la dichotomie technologie - maîtrise / nature - instinct ? Maîtrise-t-on ou subit-on les technologies dans l’usage qu’on peut en faire ? La technologie est-elle une prolongation du corps, comment l’affirment beaucoup des scientifiques, ou une entrave à son expression ? Affirmer avec les cognitivistes : « homme = machine » conduit-il à robotiser l’homme et humaniser la machine, et simultanément à raccourcir les distances entre l’homme et l’animal ? Serions-nous ainsi dans un monde « fonctionnel » et harmonieux, sans contraintes, dans la mesure où il y aurait une adaptation totale de l’homme à ses moyens et son environnement ?
anomalA, est une femme entre « animal » et « machine-robot », entre « homme et animal ». Elle sera prise entre les contraintes des nouvelles technologies et ses possibilités d’expression et d’intégration au monde, entre l’instinct et la maîtrise.
Recherche du mouvement
Cette recherche se basera, d’une part, sur la contrainte de mouvement qu’imposent les capteurs placés sur le corps, et, d’autre part, sur la recherche approfondie concernant les mouvements accélérés et ralentis (capteurs d’accélération / décélération). Nous nous demandons comment les capteurs d’accélération nous permettront d’affiner la recherche chorégraphique et en même temps d’exprimer cette ambiguïté des rapports homme/machine/animal, à travers la connexion des capteurs aux sons et à la vidéo.
D’autre part, nous aimerions explorer les capteurs de flexion. Nous nous demandons comment les capteurs de flexion pourront nous aider à exprimer une « involution humaine » de la verticale au sol, ou vice-versa ?
La recherche vidéo sera articulée autour de deux axes
1) une projection zénithale (au sol) des diverses ambiances et textures qui évolueront avec la danse, qui rendra le personnage objet et sujet de la composition ;
2) une projection frontale d’enregistrement zénithal de la danseuse, qui permettra de prolonger ses mouvements sur différentes surfaces en évoquant des déplacements animaux, des suspensions aériennes, des mouvements aquatiques.
La recherche musicale
La recherche musicale portera sur des traitements de sons qui évoqueront une ambiguïté entre la nature et le monde artificiel, entre les sons humains et animaux, à travers une contraposition entre la musique concrète et la musique de synthèse. Il y aura une exploration des champs d’indépendances apparentes et des synchronisations forcées.
Pourquoi introduire la captation du mouvement ?
Traditionnellement chorégraphie, musique, et vidéo sont composés séparément, et retravaillés pendant les répétitions. La captation du mouvement du corps par des capteurs d’accélération et de flexion, et par un système d’acquisition de données, ainsi que par une caméra, permet de créer un nouveau niveau de composition qui traite toutes les disciplines d’une manière unique. Musique et vidéo deviennent ainsi des matières remodelées par les mouvements du corps. Ceci est analysé par l’ordinateur en le cataloguant selon des règles de comportements introduites dans les logiciels.
De cette façon d’une manière paradoxale, la technologie nous permettra synthétiser toutes les expressions symboliques a travers les mouvements du personnage. Les images et la musique deviendront un prolongement des mouvements de l’étrange créature dansante et des éléments interactifs.
L’extension des cheveux, un costume organique
L‘extension de cheveux nous permettra de métamorphoser le corps de la danseuse et ainsi de renforcer la vision de la pièce.
Les cheveux prolongés et sculptés exprimerons une zone d’indiscernabilité entre l’homme et l’animal, vu qu’il y a quelque chose de « bestiale » dans cette présence organique en même temps que quelque chose de maîtrisé par l’homme. Le cheveux comme symbole d’une ambiguïté entre la nature et la culture, entre un corps qui « s’échappe » par ses cheveux ( qui echappe a un control) et un corps maîtrisé et sculpté par l’homme et la culture. Les cheveux entre un objet de désir (symbole de la sensualité féminine) et un objet de dégoût.
Ressources
Informations
Chorégraphie et interprétation : Malena Beer
Assistance chorégraphique : Myriam Lefkowitz
Création vidéo et création sonore : Stéfane Perraud
Coproduction : Ars Numerica
Un extrait de ce spectacle sera présenté le samedi 20 janvier à 20 h, lors de la carte blanche au collectif Pétahertz.