Nicolas Clauss
de mai à septembre 2011
Terres arbitraires
« Il nous reste toujours des terres arbitraires », Aimé Césaire (Cadastre, Ode à la Guinée)
Dès ce mois de mai, Nicolas Clauss s’installe à la Maison populaire afin de rencontrer les « jeunes » des quartiers montreuillois pour étendre la parole des habitants au territoire de Montreuil puis, ultérieurement, au territoire national et sur le web. Deux ou trois jeunes seront ainsi les guides de l’artiste et, durant le temps d’une exposition, pourront devenir avec d’autres les médiateurs de celle-ci.
Initié en 2010, le projet Terres arbitraires de Nicolas Clauss a déjà donné lieu à une première étape au sein de la ville d’Évry. Avec la complicité de deux jeunes habitants, il a rencontré de façon informelle de nombreux résidents du quartier des Pyramides à Évry. Chaque rencontre, chaque interaction nourrit une réflexion et alimente un vaste matériau (visuel et sonore) fait d’entretiens, d’ambiances enregistrées, d’images filmées sur le vif ou mises en scène. Très vite, au cours des 6 mois de rencontres et de moments partagés s’imposent la nécessité et l’évidence de ramener le dispositif à l’essentiel : des portraits de jeunes gens, se retrouvant aux pieds des bâtiments, nous regardent.
Parallèlement aux temps de partage, l’artiste a collectionné un matériau sonore composé de bribes médiatiques autour de la question des quartiers populaires, de leurs populations et des multiples sujets qui s’y rattachent (emploi/précarité, identité nationale/immigration, insécurité/insécurité sociale, traitement social/pénal...). Ces bribes de discours, cette rumeur, ce bruit médiatique (provenant de vidéos en ligne, d’extraits radiophoniques et télévisés d’hommes et de femmes politiques, d’éditorialistes cathodiques, de sociologues, d’habitants de quartiers populaires…) sont confrontés aux portraits, en noir et blanc et ralentis, d’une jeunesse dont l’image stéréotypée continue encore et toujours à nourrir les reportages et les journaux télévisés.
Parmi les images, un moniteur diffuse aléatoirement les noms de plus d’un millier de quartiers populaires constituant les 751 zones urbaines sensibles établies par l’Etat français dans ses successives « politiques de la ville ».
L’œuvre ainsi élaborée invite chacun à s’interroger sur ce que l’on a progressivement enfermé dans des termes tels que « jeunes », « quartiers » ou « banlieues ».
Informations
Une coproduction de Nicolas Clauss, du Théâtre de l’Agora-scène nationale d’Evry et de l’Essonne, de ZINC- La Friche - Belle de Mai et de l’EPCC La Condition Publique. En partenariat avec la Maison populaire de Montreuil et avec le soutien du DICRéAM (CNC), d’Arcadi et de la DRJSCS-DRAC PACA (Identités, Parcours & Mémoire 2011).
Cette résidence d’accueil donnera lieu en septembre à une exposition du travail mené durant le printemps et l’été.