Résidence de création artistique

« Something I didn’t say » de Tarek Lakhrissi

De janvier 2020 à décembre 2021

La Maison populaire accueille en résidence artistique de création numérique, de janvier à décembre 2020 Tarek Lakhrissi, artiste visuel, poète, performeur. Il est invité sur une proposition de Thomas Conchou, curateur en résidence pour la programmation du centre d’art en 2020.

Tarek Lakhrissi fait partie des artistes sélectionnés pour la 22e Biennale de Sydney (2020). Queer, féministe et transgénérationnelle, sa prise de parole décloisonne les genres et se fait tour à tour poétique et politique. L’anglais se mêle au français créant des mots pour aller jusqu’au bout d’une nouvelle pensée.

Dans le cadre de sa résidence de création Something I didnt’say au sein du cycle d’exposition NO NO DESIRE DESIRE, Tarek Lakhrissi initie une situation d’énonciation où l’acte de la parole revêt milles manières de « penser tout haut ». Il développe des modes de réflexions alternatifs fondés sur la notion de collectif.

En collaboration avec des jeunes du lycée Jean Jaurès de Montreuil, il questionne les modes de transmission et de création selon une perspective critique à partir du medium vidéo. Performances, ateliers d’écriture, recherches plurimedia et école d’automne façonnent cette résidence des nouveaux récits, totale et protéiforme à l’image de l’œuvre déjà considérable de cet artiste pas même trentenaire.

Pour son projet de résidence intitulée « Something I didn’t say », Tarek Lakhrissi a pensé son projet global en trois temps : il a d’abord mené un travail auprès de lycéens montreuillois à partir d’exercices d’écriture et de débats sur les narrations alternatives ; il a ensuite élaboré une école d’automne qui se tiendra à la Maison pop du 17 au 19 octobre 2020, mêlant différent·es intervenant·es investi·es et miliant·es dans divers espaces créatifs en France (théorcien·nes, performeur·ses, chercheur·ses, essayistes, etc.) à interagir avec le public selon une pluralité de formes (workshops, tables rondes, performances, ateliers, rencontres, etc.) ; enfin, la réalisation d’une œuvre vidéographique spécifiquement pensée et produite pour le troisième volet d’exposition « the many faced god·dess », en lien avec les questionnements et réflexions abordés dans le cadre de la résidence curatoriale NO NO DESIRE DESIRE de Thomas Conchou.

Cette œuvre, intitulé « The Art of Losing » prendra la forme du tournage d’un court-métrage d’une douzaine de minutes et qui sera pensé dans la continuité du premier film « Out of the Blue » réalisé en 2019 lors de la résidence artistique de Tarek à la galerie de Noisy- le-Sec. Inscrit dans un monde dévasté, le film retrace le parcours fantasmé et surréaliste du nouvel avatar de Mejda, nommé Jahid, qui se retrouve désormais caché dans un musée pour initier une nouvelle quête initiatique. Ses ballades nocturnes le confronteront à des expériences irréelles, des apparitions...

Le personnage de Jahid constitue une partie imaginée de mes réflexions autour de mon identité queer et arabe, un avatar qui échappe au monde réel et qui se découvre dans un temps incertain, où la fin du monde est proche ou déjà passée. L ’espace de l’apocalypse est pensé comme un « hors-temps » où tous les miracles peuvent avoir lieu. Des miracles de libérations et d’expérimentations. Animée par une forme de mélancolie, la mélancolie de l’après-catastrophe, une mélancolie aussi liée à son expérience en tant que jeune homme arabe et queer, le personnage de Jahid échappe à son propre destin, vit des fantasmes en privé, le temps d’une nuit, et se protège de la violence du monde extérieur.
Tarek Lakhrissi

JPEG - 383.3 kio
Tarek Lakhrissi
© Charly Gosp

« Je souhaite proposer à Tarek Lakhrissi, jeune poète et vidéaste français, de collaborer à la réalisation de NO NO DESIRE DESIRE en tant qu’artiste associé. En septembre 2018, Tarek m’a proposé de curater sa première exposition personnelle à la Galerie de Noisy-le-Sec, où il était alors en résidence. J’ai immédiatement accepté, appréciant particulièrement le fait d’entamer une collaboration initiée par l’invitation d’un artiste à un commissaire, et non l’inverse. Ensemble, nous avons conçu Caméléon Club, une exposition riche, exigeante, émouvante, dans laquelle transparaissaient des préoccupations que nous partageons tous les deux : la nécessité de considérer les pratiques artistiques queer comme des options pour un futur souhaitable, le besoin de dépasser les boucles dialectiques des rhétoriques minoritaires et identitaires pour inventer un horizon commun, et surtout le désir impérieux de faire place aux autres, ces autres-ami·e·s, ces autres-amant·e·s, ces autres-inconnu·e·s, par des séries d’évènements et d’invitations. En partant de ce projet collaboratif, nous avons conçu une amitié, renforcé nos pratiques mutuelles, et forgé l’envie de continuer cette aventure sous d’autres formes. En tant qu’artiste associé à mon projet curatorial, je souhaite proposer à Tarek de m’accompagner dans la formulation de ces trois expositions, et surtout de leurs évènements, activations, et occupations ».
Thomas Conchou, curateur de l’exposition NO NO DESIRE DESIRE


Biographie
Né en 1992 à Châtellerault. Vit et travaille à Paris.
Tarek Lakhrissi travaille à partir de la performance, de l’installation, de la vidéo et de la poésie autour de la codification du langage et des affects, dans une démarche fictionnelle. Poète, queer et arabe, il aborde la langue — son évidence et ses limites — par mouvements itératifs, faisant régulièrement intervenir l’anglais, l’arabe et le français. Il entend faire pression sur le langage à partir d’une expérience subjective et marginale, constamment remise en perspective par le jeu de son énonciation. Ses récits sont le lit d’ébats perpétuels entre la puissance d’assignation de la parole et sa ré-articulation émancipatrice, dans lesquels s’invitent tour à tour slang, culture populaire et références théoriques. Vidéaste, il s’entoure de proches et d’ami·e·s à la vie comme à l’écran afin de créer une famille choisie qui travaille, comme héritage féministe, à l’abolition de la distinction entre le personnel, l’art et le politique. En mettant en scène des individus qui déjouent les carcans corporels de leur époque, il ouvre un espace de body-politisation qui heurte les conceptions établies de ce que doit et ce que peut le corps dans sa mise en relation à l’image et aux autres.

Ses travaux ont été présentés à la Hayward Gallery (London, UK), La Galerie, CAC (Noisy-Le-Sec FR), Palais de Tokyo (Paris, FR), Fondation Gulbenkian (Paris, FR), Fondation Lafayette Anticipations (Paris, FR), Bétonsalon (Paris, FR), DOC ! (Paris, FR), La Gaité Lyrique (Paris, FR), Auto Italia South East (Londres, RU), SMC/CAC (Vilnius, LT), Kim ? (Riga, LV), Artexte (Montréal, CA), Confort Moderne (Poitiers, FR), Circa Projects (Newcastle, RU), Wendy’s Subway (Brooklyn, EU).

 Soirée de performances
Émois émos le vendredi 24 janvier 2020 à 20 h

Informations

Avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France, du Conseil régional d’Île-de-France, du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et de la Ville de Montreuil, du DICRéAM - CNC et de Fluxus Art Projects. Tarek Lakhrissi est lauréat du dispositif FoRTE de la Région Île-de-France.

Partager