( ), dans le cadre du cycle Neutre Intense
du 12 mars au 21 juin 2008
finissage le vendredi 20 juin à partir de 18h
et sortie du catalogue de l’exposition « L’homme nu » d’Aurélie Voltz
Commissaire : Christophe Gallois
Artistes : Armando Andrade Tudela, Morgan Fisher, Guillaume Leblon, Sol LeWitt, Florian Pumhösl, Evariste Richer, Raphaël Zarka.
( ) est le deuxième volet d’un cycle de trois expositions qui entend explorer la possibilité d’un paradoxe : l’intensité du neutre. Cette idée réfère à une série de cours, intitulée Le Neutre, donnée par Roland Barthes au Collège de France en 1978. Aux connotations de « grisaille, de neutralité, d’indifférence » habituellement associées à cette notion, Barthes oppose l’idée d’un neutre pouvant renvoyer à des états « forts, intenses, inouïs. » Appréhendée du point de vue des arts visuels, cette approche peut mettre en lumière une ambivalence, présente dans la pratique de nombreux artistes, entre, d’une part, une réduction formelle ou discursive et, d’autre part, l’intensité, la complexité, la richesse de sens que cette apparente réduction implique.
L’exposition ( ) s’articule plus précisément autour de pratiques artistiques qui mettent en scène une confrontation entre un vocabulaire formel apparenté au minimalisme et des éléments extérieurs empruntés aux formes du quotidien, à l’histoire de l’art ou à la culture populaire. L’exposition s’intéresse ainsi à la circulation de formes à travers des contextes hétérogènes, faisant écho à la manière dont Barthes conçoit le neutre sous l’angle de l’hétéroclite : « Nous pourrions dire que le Neutre qui est allégué ici n’est pas du côté du mésos (du moyen, du ni-ni) mais du côté de l’hétéroklitos, de l’irrégulier, de l’imprévisible. » Empruntées au titre d’une œuvre de Morgan Fisher, les parenthèses vides du titre de l’exposition invitent à une double lecture, entre formes abstraites et signifiants linguistiques, traduisant visuellement cette oscillation entre réduction formelle et pluralité de sens.
Plusieurs œuvres dans l’exposition s’intéressent à la l’appropriation de formes abstraites ou géométriques. Le film 16mm de Florian Pumhösl, intitulé OA 1979-3-5-036 (2007), prend ainsi comme point de départ des motifs abstraits extraits d’un livre japonais de la fin du 17e siècle de design pour kimonos. La série de diapositives Camion (2003) d’Armando Andrade Tudela consiste en une soixantaine de photographies, prises sur les autoroutes au Pérou, de différents camions arborant de larges logos géométriques évoquant autant de compositions abstraites. Enfin, la sculpture Studiolo (2008) de Raphaël Zarka consiste en une mise en espace du cabinet de lecture de Saint Jérôme tel qu’il a été peint par Antonello da Messina à la Renaissance. L’œuvre traduit la manière dont Zarka développe sa pratique sous l’angle de l’appropriation et la circulation de formes : « ce qui m’intéresse, c’est de voir comment certaines formes bien particulières s’installent dans des contextes différents. Quand je dis contexte, ça peut être aussi bien spatial que temporel. »
Film Cans and Film Boxes (1968) de Morgan Fisher fait partie d’une série de dessins peints à la bombe représentant, de manière schématique, différentes combinaisons entre plusieurs modèles de boîtes de pellicule cinématographique. L’œuvre associe, selon l’expression de l’artiste, « Warhol et le Minimalisme. » Cette confrontation entre formes minimalistes et formes du quotidien se retrouve dans d’autres œuvres de l’exposition. Frame of a Window (2007) de Guillaume Leblon consiste en quatre longues lamelles de verre posées à distance contre le mur, jouant avec les courbures crées pour chacune des pièces par le propre poids du matériau. Sa pièce Contact (2000) se présente sous la forme d’une paire de chaussures dont les différentes parties usées ont été compensées par leur moulage en plâtre. La Forêt (2005) d’Evariste Richer est un large poster décoratif, représentant un paysage forestier, dont la base à été découpée et décalée, proposant ainsi un basculement sémantique et perceptif dans la lecture de l’image. Enfin, le livre de Sol LeWitt Cube (1999) a été pensé comme une variation autour d’un objet géométrique unique : la publication se compose de 511 photographies noir et blanc d’un même cube prises en utilisant toutes les combinaisons possibles entre neuf sources de lumière différentes.
Evénements dans le cadre de l’exposition
Mercredi 9 avril à 20h30
Séance de projection, Films by Morgan Fisher
Né en 1942 au Etats-Unis, Morgan Fisher a débuté sa carrière à la fin des années soixante en tant que monteur de cinéma sur différentes productions hollywoodiennes. Au même moment, il commence à développer une œuvre personnelle protéiforme, à la frontière entre cinéma d’avant-garde, industrie du film et art contemporain. Depuis son premier film The Director and his actor look at footage showing preparations for an unmade film (1968), Fisher interroge avec humour et candeur les mécanismes du cinéma : « une chose que mes films ont tendance à faire est d’examiner une propriété ou une qualité du film de manière radicale. Etre radical est une forme modeste d’être extrême. »
Mercredi 28 mai à 20h30
Conférence de Raphaël Zarka, Une mécanique des milieux continus : Skateboard, pratiques et répliques d’espaces
« Contrairement à la plus grande partie des terrains de jeux ou de sports, les différents espaces fabriqués pour le skateboard ne sont jamais abstraits. La majorité des skateparks actuels, avec leurs mélanges de courbes, de plans inclinés et de volumes parallélépipédiques, synthétisent l’espace d’origine du skateboard, l’océan, et son lieu de naissance, la ville moderne. Accompagnée de nombreuses séquences vidéo, cette conférence est une visite guidée des espaces du skateboard et de la mécanique qu’ils supposent. » (Raphaël Zarka)
Vendredi 20 juin à partir de 18h
Pot de finissage de l’exposition et sortie du catalogue « L’homme nu »